Une bonne mère...
Rassurez-vous, je ne vais pas vous parler de Winnicott
(qui soit disant en passant, m'a pris plus la tête en cours qu'autre chose... ) !
Etre une bonne maman.. quel défit !
Quelle remise en question de chaque jour pour ma part.
Je n'ai pas eu de "bonne mère"... une mère aimante à sa façon certainement, mais mal.
J'ai beaucoup souffert et en souffre encore.
Je bave d'admiration, et rêve devant des relations mères/filles comme je les imagine à défaut d'en avoir connu une.
Avoir une maman malade n'est pas simple.
La maladie (physique et psychologique) n'excuse pas tout.
A mes 19 ans, j'ai reçu en 2 grandes enveloppes ce qui allait bouleverser ma vie totalement.
Une lettre, pas n'importe laquelle, 80 pages de ma maman (ou de ce qu'il en restait après lecture)
m'annonçant et m'expliquant les raisons pour lesquelles, je l'avais déçue, et pour lesquelles je n'étais plus sa fille,
m'expliquant, le tout appuyé de preuves (Revues déchirées et surlignées appuyant ses dires) pour me dire que je finirai en enfer.
Elle l'a fait pour mon bien, parce qu'elle m'aime, dit-elle...
(même si aujourd'hui, elle nie l'existence de cette lettre qui m'a bousillée toute ma jeunesse)
A partir de là, ma descente aux enfers a commencé : pleures, dépression, TS, abandon des études...
Qui pouvait m'aimer après ça ?
Qui pouvait m'aider après ça ?
Vers qui me tourner ?
Même le Seigneur avait honte de moi apparemment...
Quel chemin emprunter ? Que faire ? Où aller ?
J'ai erré dans ma vie, vivant chaque minute après chaque minute...
Pourtant, comme une vraie relation bourreau/victime, je n'ai pas coupé les ponts.
J'ai cédé, lâchement peut-être, à son chantage affectif, qui me voulait près d'elle, et rien qu'à elle.
J'ai feinté pour survivre (2 téléphones portables, celui qu'elle connaissait qui ne devait jamais sonner, et auquel je devais toujours répondre pour qu'elle puisse me suivre et que je puisse être à sa disposition.
Et un, caché, pour rester joignable avec mes amis -ceux que je n'avais pas encore perdus... - )
J'ai menti pour survivre.
Ma vie n'était qu'alors que stratagèmes sur stratagèmes, calculs sur calculs pour éviter sa colère,
éviter ses crises, éviter sa violence verbale, éviter de souffrir.
Utiliser tel mot plutôt que d'autres pour calmer.
Stresser de rentrer en retard à 21 ans, stresser de dormir dehors (= sur la paillasson) pour un anniversaire fêté un samedi soir...
Avoir sonné à la porte un nombre de fois inimaginables pour qu'elle ouvre,
et m'entendre dire par la porte ''arrête où j'appelle la police !"
et me dire le lendemain matin ''rentre, espèce de clodo !"
Il serait plus facile pour moi, de vous dire que tout ça est inventé, que je vous mène en bateau, comme me l'ont reproché plein d'amis que j'ai perdus.
Comment croire qu'une mama fasse ça ?
Surtout, la dame si gentille, si ouverte, si dévouée que l'on connait et que l'on voit.
Et pourtant...
Il y a 15 jours encore, elle m'a lancé que je n'en avais rien à faire de mes enfants,
que je les traitais "comme de vulgaires bouts de viande"...
Ca m'a blessée, comme toujours, mais peut-être moins atteinte.
Peut-on s'y faire un jour ?
Peut-on pardonner des mots/actes si cruels, si lourds ? Peut-on pardonner lorsqu'on a aucune excuse ?
J'ai choisi de l'aimer pourtant. Pardonner peut-être aussi, même si je ne sais plus trop le sens du pardon.
Je n'oublie pas. Je n'y arrive pas.
Je vis avec sa violence qu'elle a déversée sur moi,
je vis avec ses mots dévastateurs.
Et même à 1000km, mariée, et maman, je pleure encore le soir.
Chaque jour, je me remets en cause : je ne sais pas ce c'est que d'être une bonne mère, je suis terrifiée par le projet !
Je fonds en larmes de voir les mamans que vous êtes, les merveilleuses familles que vous formez !
Oui, ça existe, vous en êtes la preuve et un si grand réconfort pour moi.
C'est dur d'avancer quand on ne se connait plus, quand on a tout à reconstruire.
J'en suis là.
Mais la grâce est là.
Je n'ai jamais lâché le Seigneur, jamais Il ne m'a lâchée.
J'ai rencontré des personnes formidables, je ne suis ni tombée dans l'alcool, ni dans la drogue ou autre, pour oublier.
J'ai rencontré mon mari, et malgré les ouragans parce que je suis mariée, nous avons formé une famille, la nôtre.
Je suis maman, et chaque jour j'essaye d'être meilleure maman que hier.
Chaque jour j'essaye de laisser cette violence derrière moi, chaque jour j'essaye de trouver ma voie, de réparer ce qui a été cassé,
de vivre ce qui m'a été volé.
Je n'écris pas ce post pour avoir de la pitié ou de la compassion, mais pour m'aider à avancer.
Peut-être qu'en parler ouvertement (et à la fois cachée derrière cet écran) va m'aider.
"Prenez votre liberté" m'a dit un ami alors que j'étais en pleures...
C'est aussi pour ça que je l'écris ici.
Pardon pour ces mots peut-être choquants, vous en savez plus sur moi maintenant.
Et pas la meilleure partie de ma vie.
Voilà pourquoi quelqu'un comme moi s'attache tant aux animaux,
quand l'amour humain et maternel a perdu ce qu'il devait être, on va chercher la tendresse et un refuge ailleurs.
Je survis, à défaut de vivre pleinement, je survis.
Mais je n'ai pas dit mon dernier mot.